Famine en Afrique de l’Est : Quand les youtubers deviennent les nouveaux superhéros
- Jeanne Morin
- May 22, 2017
- 3 min read

Depuis fin 2016, l’Afrique de l’Est (Somalie, Kenya, Ethiopie, Djibouti, Ouganda, Somaliland, Soudan du Sud, et dans une moindre mesure la Tanzanie) est de nouveau frappée par une terrible sécheresse : il a plu deux à trois fois moins que la normale cette année-là. Associez à cela des contextes politiques complexes et des guerres civiles à répétition dans la majorité de ces pays et vous obtenez 20 millions de personnes menacées par une famine terrible, selon les chiffres de l’ONU. « La combinaison du conflit armé, de la sécheresse, du changement climatique, des maladies et du choléra est un cauchemar », a déclaré M. Guterres le secrétaire général de l’ONU, au sujet de la Somalie.
En Somalie, pays le plus touché par cette catastrophe ( avec plus de 6 millions de somaliens victimes de la faim pour une population de 10 millions d’habitants), seulement 2% des terres sont cultivées. La sécheresse a tout épuisé et même les terres de la région de Awdal (surnommée “La Somalie Verte”) ont été réduites à l’état de désert. L’hécatombe des dromadaires de la région est également un fait important: ces rois du désert, capables de survivre 2 semaines sans eau ni nourriture, ont subi une perte de presque un tiers de leur population en Somaliland (région indépendante du nord de la Somalie) soit environ 400 000 individus. Ces animaux, en plus d’être vitaux pour les habitants de la région ( un somalien boirait en moyenne 223 litres de lait de dromadaire par an pour compenser le peu d’eau disponible), sont au coeur de l’économie. La Somalie est le premier exportateur de dromadaires au monde, ce qui lui rapporterait 50 millions d’euros par an. Tout le bétail a également été décimé par cette sécheresse, laissant les paysans sans ressources. Enfin, la plus grande partie des campagnes somaliennes est tenue par le groupe islamiste Al-Chabab (lié à Al-Qaïda) qui refuse l’accès à la quasi-totalité des ONG.

C’est devant ces faits que Jérôme Jarre, jeune français de 26 ans installé au Etats Unis et “star” d’internet, a décidé de faire un appel aux dons et d’envoyer un avion cargo rempli de nourriture en Somalie. Faisant appel à ses amis youtuber (Casey Neistat) ou acteur (Ben Stiller) début mars, il lance les hashtag LoveArmyforSomalia et TurkishAirlinesHelpSomalia et obtient plus de deux millions de dollars de dons et le prêt d’un avion cargo de la compagnie d’aviation.

Le 27 mars, J.Jarre a posé le pied à Mogadiscio, capitale Somalienne, suivi de près par son avion rempli de 60 tonnes de vivres. L’argent récolté a également permis l’achat de 60 tonnes de vivres supplémentaires sur place. Si cette épopée vous intrigue, de nombreuses vidéos sur la mise en place et le voyage de Jérôme Jarre en Somalie sont disponibles sur Youtube et Twitter.
Mais cette aventure romanesque doit être nuancée. L’ONU a besoin de 4 milliards de fonds pour aider significativement l’ensemble des populations victimes de la faim et seulement 30% ont été récoltés à l’heure actuelle. Et la situation sur place ne va pas en s’améliorant. D’après les experts, il est possible qu’il ne pleuve pas avant juillet voire même pas du tout ! De plus, les prix des denrées explose (10% à 25% constaté au Kenya).
Plus de 135 000 personnes auraient quitté leur maison pour fuir à l’étranger ou s’installer dans les camps d’aide installés par les organisation non-gouvernementales ou des campements près des villes.
Après les animaux, les enfants sont les principales victimes de cette famine.
Enfin, le manque d’eau potable dans ces zones du monde pousse les gens à boire de l’eau impropre à la consommation, faute de mieux dans la situation actuelle. Cela pourrait engendrer une recrudescence des maladies comme le choléra.
Ainsi, les pays concernés par cette catastrophe vont subir sur le long terme de lourdes conséquences économiques et sociales,ajoutées à la perspective d’importantes pertes humaines. Mais super-Jérôme a peut-être mis en avant un fait important: nous pouvons tous agir, mais c’est à nous de choisir si nous le devons.
N’hésitez pas à envoyer des questions dans les commentaires si vous souhaitez plus d’informations !
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