A transformação de Lisboa
- Paul Da Fonseca
- May 29, 2017
- 4 min read
C’est de cette ville que partirent les marins pour découvrir la route maritime vers les Indes et lancer ainsi ce qu’on appellera plus tard, la mondialisation. Vasco da Gama quitta le port de Lisbonne le 8 juillet 1497. Il atteindra les Indes le 21 mai 1498 au terme d’un pénible voyage.
Nommée Lisboa, en portugais, la ville est construite au bord du Tage, juste avant que celui-ci ne se jette dans l’océan Atlantique. La cité, située sur la rive nord du fleuve, est constituée de multiples collines.
Lisbonne est une ville très ancienne; on y a retrouvé des traces d’habitations datant du néolithique. Elle a traversé les civilisations Carthaginoise, Romaine, Musulmane, Chrétiennes... On y trouve des aqueducs, mais aussi des bâtiments médiévaux comme le Castelo de São Jorge qui surplombe la ville, et bien sûr des bâtiments modernes, même si le centre est relativement épargné par les gratte-ciels en verre et en métal. Ceux-ci sont situés au nord, sur le lieu de l’exposition universelle de 1998 (avec un magnifique aquarium que je vous invite à visiter).

Monument des découvreurs à Belem

Palacio de San Bento, le Parlement portugais
Comme tous les pays, le Portugal s’est trouvé très affecté par les crises économiques successives. Les marques les plus visibles dans l’ensemble de la péninsule sont sans conteste les innombrables chantiers à l'arrêt. Les réformes, ainsi qu’une vague de privatisation des entreprises publiques, comme les télécommunications, ont permis, aidé par le boom touristique, à sortir le pays de la crise. Celui-ci a accueilli en 2016 plus de 11.4 millions de touristes étrangers, soit une hausse de 12.7% par rapport à l’année précédente. A titre d’indication, le pays compte 10.3 millions d’habitants. Le tourisme pesait en 2015 10% du PIB du Portugal. Cette hausse de la fréquentation est en partie due au fait que les révolutions des Printemps Arabes de 2011 ainsi que l’insécurité croissante au Maghreb ont contribué à un report des touristes européens vers d’autres destinations, dont la péninsule ibérique a bénéficié.

Les “tuk tuk” pour touristes…. qui fourmillent
La révolution des Œillets, le 25 avril 1974 provoque la chute du régime Salazariste (1933-1974), la fin des guerres coloniales ainsi que la mise en place d’un gouvernement démocratique. Suite à cela, des mesures sociales sont prises pour limiter la hausse des loyers, ces derniers ne peuvent augmenter pendant le bail. Si cette mesure favorise la mixité sociale, elle a un impact sur les bâtiments en eux-mêmes. L’entretien des immeubles n’est donc pas assuré, car les propriétaires ne peuvent pas augmenter les loyers. Les immeubles réduits à l’état de ruines ne sont donc pas rares à Lisbonne, même sur les places principales. Le boom touristique a conduit à une vaste campagne de rénovation des bâtiments. Ceux-ci sont souvent achetés par des étrangers dans le but d’en faire des appartements pour touristes. Les loyers qui en résultent sont trop élevés pour la majorité de la population Lisboète (le “SMIC” au Portugal est de 650€ par mois). Un appartement de location touristique peut être loué 100€ la nuit. Ainsi des quartiers comme la Baixa, emblématique de la ville avec ses immeubles Pombaliens, se retrouvent en grande partie vidés de leur population d’origine.

La pension Coimbra-Madrid Praça da Figueira,”Place du Figuier” dans la baixa
De même, quand on s'aventure dans les parties non touristiques de la ville, on s'aperçoit bien vite que ces rénovations et le tourisme en général, ne profitent pas aux habitants. L'augmentation de la fréquentation de la ville entraîne une augmentation du trafic aérien. L’aéroport, étant situé à proximité de la ville, dès que l’on s’éloigne un peu du centre, dans le quartier de Campo de Ourique par exemple, le bruit des avions à intervalles réguliers produit une nuisance sonore très importante pour les riverains. Bien entendu, ce quartier est déserté par les touristes.

La différence est frappante, n’est-ce pas?
La Place du commerce est l’une des places emblématiques de la capitale lusitanienne. Située au bord du Tage, elle accueille bon nombre de ministères. Les appontements à proximité accueillaient les voiliers école de la marine portugaise. Ces beaux trois mâts ont été remplacés par des mastodontes tout de verres et d’aciers, sans âme, qui déversent leurs flots de voyageurs à la journée. Ces super paquebots sont plus hauts que les immeubles environnants. C’est le même spectacle qu’à Venise.
Si c’est effectivement le tourisme qui a permis au Portugal de sortir de la crise, on peut se demander à qui il profite réellement : aux investisseurs étrangers? Ou à une minorité de Portugais profitant de cette manne touristique? Est-ce que la ville n’est pas, au même titre que la Cité des Doges, en train de devenir une ville musée? Ne vient-on pas dans un pays pour s'imprégner d’une culture qui n’est pas la nôtre, recherchant un dépaysement? Est-ce que cette ville va se transformer jusqu’à perdre cette identité qui lui est si chère?
VOUS AVEZ 4H :)

Est-ce que cela est amené à disparaître au profit des grandes enseignes internationales ?

Est-ce que cela est amené à disparaître au profit des grandes enseignes internationales ? (2)

La “Ginjinha” est un alcool de cerise, unique boisson servie dans cette “tasca”

Magasin de morue typique

L’un des voiliers de la marine Portugaise, peut-être le Sagres III, maintenant attaché au port de Belem

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