2017 : le début de la fin pour le nucléaire français ?
- Thaïs Furon
- Sep 29, 2017
- 2 min read
Depuis plus de 30 ans, le nucléaire règne sur la production électrique française, dont il représente plus de 75%. C’est cette production massive qui a donné à notre pays son indépendance énergétique et une capacité de production monstre, bien que peu écologique. Mais serait-ce la fin pour le géant de l’électricité ? EDF et l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) débattent autour de trois questions.
En effet, des problèmes se posent pour l’ASN, dont les exigences sont de plus en plus dures à satisfaire : la résistance défectueuse de certaines cuves, le vieillissement rapide des matériaux et le conditionnement du graphite-gaz composant le noyau des réacteurs.
L’avenir du nucléaire reposerait maintenant sur trois grands défis : prolonger la durée de vie des 58 réacteurs français de 40 à 60 ans, trouver une solution à la menace que représentent les vieux réacteurs et les déchets, et mettre en fonction le réacteur EPR de Flamanville.
Flamanville, commune du nord-ouest de la France, accueille une centrale composée de deux unités de production mises en service en 1985 et 1986. Cette centrale est destinée à accueillir un nouveau réacteur EPR, ou Réacteur Pressurisé Européen, depuis maintenant plusieurs années. Ce réacteur de 3ème génération permettrait une production plus importante et sécurisée. Les travaux ont débuté en 2006 pour rapidement tourner au fiasco. 6 ans de retard, un dépassement budgétaire de 7 milliards d’euros, l’EPR de Flamanville est devenu le « symbole des pires dérapages industriels » d’après un article du magazine Science & Vie.
En plus de ce ratage complet, dont les travaux sont encore en cours aujourd’hui, la plupart des réacteurs français vont atteindre la limite des 40 ans dans les prochaines années. Un dossier doit être déposé devant l’ASN par EDF afin de proposer des changements sécuritaires radicaux et de prouver que les centrales, après vérification complète, peuvent fonctionner jusqu’à leurs 60 ans sans danger quelconque. L’ASN sera intraitable, après la découverte de plusieurs cas de falsification de rapports de sécurité dans des centrales françaises.
A tout cela s’ajoute évidemment les coûts de production faramineux : les centrales produisent beaucoup, voire trop, le prix de l’électricité en baisse ne permet plus de rembourser les coûts d’entretien et de sécurité des sites. De plus, la concurrence des énergies vertes se fait forte : la capacité de production des éoliennes a augmenté de 11% cette dernière année, tandis que celle du photovoltaïque fait un bond de 17%.
Le dernier problème soulevé est évidemment celui des déchets nucléaires, à commencer par le graphite des réacteurs. Des milliers de tonnes de graphite irradié qu’EDF disait pouvoir extraire, mais qui sont finalement trop délicates à retirer et sont donc condamnées à stagner dans les réacteurs. En outre, chaque année, un réacteur produit environ 200m 3 de déchets contaminés, dont 7m3 à la radioactivité mortelle. Que faire de ces rebuts qui s’entassent ?
EDF est donc sommé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire de rendre un rapport complet détaillant les nouvelles solutions qui pourraient être mises en place. En attendant, la France est condamnée à surveiller chacun de ses sites nucléaires pendant plus d’un siècle, en attente d’une solution pour ses vieux réacteurs.
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