Won Kar Wai
- Gautier Simonin
- Nov 6, 2017
- 3 min read
Pour cette 9ème édition du festival Lumière, le jury a décidé de mettre le cinéma Hongkongais l’honneur avec Wong Kar-wai. Avec 10 longs métrages à son actif, le réalisateur a balayé des styles tels que le film de sabre (Les cendres du temps), de gangster (As Tears Go By, Nos années sauvages), la comédie romantique (Chunking express) ou plus récemment le film de kung-fu (The Grandmaster). Malgré tout, chacun de ses films exprime avec mélancolie et poésie des thèmes qui lui sont chers : l’amour, l’exil et la séparation.
« On passe à côté de l’âme sœur si on la rencontre trop tôt ou trop tard. A une autre époque, en un autre lieu, notre histoire eût été différente. » 2046
Cela s’explique par son expérience, puisqu’à l’âge de 5 ans, il quitte Shanghai, où il est né, pour Hong Kong afin de fuir la Révolution culturelle, mais son père reste bloqué là-bas. Son œuvre apporte du renouveau au cinéma hongkongais qui jusque-là produisait essentiellement des films d’arts martiaux.
Ce cinéaste se distingue par son sens de la poésie et de l’esthétique. Les amateurs de ses œuvres ne manqueront pas de signaler la musique qui les accompagne, elle aussi éclectique. Chunking Express fait la part belle au rock avec « California Dreamin » de The Mamas and the Papas et une reprise de « Dreams » de the Cranberries. Mais la poésie simple d’un violon se retrouve également dans « Yumeji’s Theme » pour In The Mood For Love.
Ce dernier film est celui qui le propulse réellement en 2000 avec le César du meilleur film étranger et la palme de la meilleure interprétation masculine (Tony Leung). Je ne saurais trop vous recommander de commencer par celui-ci. On y retrouve tout, une image baignée d’une lumière envoûtante (Wong Kar-Wai se passionne pour la photographie lors de ses études à l’Ecole polytechnique de Hong Kong). L’histoire d’amour entre deux personnes mariées, mais trompées par leurs conjoints, est sublimée par la mise en scène et la subtilité du traitement des personnages.
In The Mood For Love, 2000

Wong Kar-wai aime à laisser le silence s’installer, il souligne la solitude des personnages, et renforce l’immersion du spectateur qui s’identifie aux protagonistes, imagine leur fil de pensée. Mais pas que ! Cette atmosphère contemplative se retrouve essentiellement dans la seconde partie de son œuvre.
Lors des débuts, c’est Hong Kong dans son effervescence qui est montrée, avec le monde, l’énergie débordante et les néons qui éclairent si particulièrement la ville que l’on voit par exemple dans Chunking Express. Le portrait d’une jeunesse en doute est réalisé, en lien avec le climat d’incertitude dans lequel sont tournées ses premières créations. En effet le Royaume Uni devait sous peu rétrocéder Hong Kong à la Chine, après 155 ans passés en tant que colonie britannique.
Chunking Express,

Perfectionniste, ses acteurs relèvent un véritable défi lors des tournages. Il leur demande parfois de venir à l’improviste, pour répéter et improviser des scènes qui ne figureront parfois pas au montage final. D’ailleurs, ce goût pour la spontanéité rend difficile la production de ses films, qui se heurte au besoin des producteurs de lire le scénario pour approuver le projet.
Eclectique, perfectionniste, Wong Kar-Wai nous présente à chaque fois des créations personnelles et originales même si parfois, le succès commercial ne suit pas. Avec le succès de The Grandmaster, et le prix Lumière, il n’a en tous cas pas de soucis à se faire, surtout qu’une suite a été demandée par les studios. Qu’en sera-t-il ?
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