Le cinéma asiatique
- Margaux Thomas
- Nov 8, 2017
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Lumière sur le cinéma du levant
Y’a pas que Bruce Lee
Cette année, le prix Lumière a été décerné à Wong Kar-Wai, un réalisateur dont l’oeuvre ne se laisse enfermer dans aucun genre. Sa filmographie si particulière nous permet d’accéder à toute une partie du cinéma asiatique. Celle qui fourmille d’idées nouvelles, et présente un esthétisme et des sujets poignants qui expliquent son succès.
C’est vers le Japon que nous pouvons nous tourner et en particulier vers le metteur en scène Takashi Mike. Avec plus de 60 films à son actif, lui aussi présente un panel hétéroclite de sujets sensibles et tabous. La violence et l’aspect parfois déjanté de ses films, dont le paroxysme reste Ichi the Killer, sont ce qui fait son succès tout en nourrissant ses détracteurs. Il s’agit là d’un cinéma glaçant destiné à perturber pour faire passer sa vision. Pour exemple, Visitor Q qui au premier abord peut paraître intrusif, provoquer un certain malaise voire du dégoût. Ce film présente nombre de sujets volontairement choquants et politiquement incorrects voire socialement réprouvés . Mais il met aussi en place une critique intelligente et un appel au questionnement.

Le cinéma asiatique est loin de toujours tomber dans ces extrêmes qui ne sont pas à faire regarder à n’importe qui. Il se construit ainsi sur de multiples réalisateurs qui émergent autant dans leur propre pays qu’à l’étranger. Entre Park Chan-wook et ses études de philosophie ou Bong Joon-ho qui expérimentait le cinéma en fac de sociologie, nous pouvons accéder à une génération qui donne une place importante à l’observation et la société qui l’entoure. Ainsi les représentations de l’Asie se tournent vers des sujets plus profonds et appuyés.
Revenons par exemple à Bong Joon-ho, metteur en scène ayant lui aussi reçu la consécration internationale. Il peut parfaitement illustrer cette tendance du cinéma asiatique. Son film phare reste Memories of murder.

Dense et extrêmement bien ficelé, il évoque une tranche de vie des années 80 en Corée du Sud. Dans un mélange tragique d’absurdité et d’impuissance, le metteur en scène utilise la police sud-coréenne pour présenter une société enfermée sur elle-même et ses problèmes d’ensemble.

D’un autre côté le sud-coréen table dans un tout autre registre avec Snowpiercer un film américano-franco-coréen inspiré d’une BD de science-fiction. Ainsi, il se renouvelle perpétuellement dans une dynamique qui semble commune à tous les réalisateurs précédemment cités.
Des films un peu faits de bric et de broc à l’image du premier film de Fruit Chan, réalisateur hongkongais qui lance sa carrière grâce à des chutes de pellicules et un peu d’argent emprunté à ses amis. Bien que ce ne soit pas une généralité car Bong Joon-ho ou Park Chan-wook se donnent les moyens de réaliser leurs films, d’autres comme pour Visitor Q prennent volontairement cet effet « amateur ».
L’intérêt de ses réalisateurs outre leurs oeuvres éclectiques reste leur volonté d’aborder des sujets qui ouvrent sur une société asiatique peu connue celle de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine vu sous un angle interne. Là où Hollywood présente la culture américaine à grands renforts d’effets spéciaux et de dynamisme, cette partie du cinéma asiatique utilise des thématiques beaucoup plus sombres et dures afin d’exposer une vérité crue comme l’Europe la voit rarement.
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