Quel avenir pour les réfugiés au Danemark ?
- Lucie Gattaz
- Jan 24, 2018
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Accueillants, chaleureux, tolérants, innovants ; tant de termes décrivant les pays scandinaves. Mais reflètent-ils la réalité ? Et si nous abordions le sujet des réfugiés ? Quelle est la position du Danemark par rapport à eux ?

Le 26 janvier 2016, le Parlement danois votait une loi concernant la confiscation des biens des réfugiés d’une valeur de plus de 10 000 couronnes danoises, soit 1 300€, mais également la baisse de 10% des aides qui leur sont accordées ainsi que l’allongement du temps de latence pour le regroupement familial.
Adoptée avec 81 voix pour, 27 contre et une abstention, cette loi s’applique aux liquidités et aux effets personnels. Les réfugiés peuvent tout de même garder leur alliance ou des objets à valeur sentimentale.
Les couples avec enfants reçoivent désormais 16 638 couronnes contre 23 832 auparavant, les familles monoparentales originaires d’un pays hors Union Européenne 11 888 couronnes au lieu de 14 426. Les réfugiés ayant un niveau de danois suffisant pour obtenir un travail ou commencer une formation se voient verser une allocation supplémentaire de 1500 couronnes.
Le regroupement familial est allongé de 1 à 3 ans pour les demandeurs d’asile sous protection provisoire et les permis de résidence raccourcis de 5 à 2 ans dans le cas de persécutions en raison de la nationalité, des opinions politiques, de la race, de la religion ou de l’appartenance à un groupe social. De plus, des frais de dossiers s’élevant à 3700 couronnes (500€) pour les demandes de permis de résidence permanents ont été instaurés. Le demandeur doit avoir occupé un emploi pendant deux ans et demi sur les trois dernières années. Avant cette loi, il s’agissait de trois ans sur les cinq dernières années.
Par la confiscation de leurs biens, le gouvernement estime que les réfugiés financent leur accueil. Cependant, celui-ci consiste parfois en un placement dans des camps de tentes malgré le froid mordant et les importantes chutes de neige de l’hiver scandinave alors même que Dansk Byggeri, l’équivalent de la Fédération française du bâtiment, affirme que 160 000 logements sont vacants dans le pays. Ils permettraient d’héberger les 21 000 demandes d’asiles reçues en 2015 par exemple.
Ces mesures ont été qualifiées de « [contraires] aux standards européens et internationaux de protection des droits de l’homme » par le Haut-Commissaire aux réfugiés de l’ONU. Leur objectif est de dissuader les éventuels migrants de venir au Danemark. Pour les appuyer, le gouvernement organise aussi des campagnes d’informations dans les journaux libanais et turcs notamment. Elles font croire à des conditions de vie plus dures. Il considère également que des réfugiés plus pauvres seraient plus motivés pour trouver un travail ce qui favoriserait leur intégration. Néanmoins, les aides avaient déjà été diminuées en 2011 et seuls 6% d’entre eux avaient trouvé un emploi plus rapidement. La plupart des réfugiés, particulièrement les femmes, s’étaient retrouvés à l’écart du marché du travail, les enfants écartés des activités proposées par la société. La pauvreté s’était accrue par rapport au reste de la population et l’intégration n’avait pas été significativement favorisée. Finalement, les demandeurs d’asile qui ont vu leur situation se dégrader sont ceux que l’Etat considère comme vulnérables, victimes de persécution et ayant besoin de protection. L’Institut danois des droits de l’homme, l’Association sociale danoise des travailleurs et Save the Children craignent donc que le même phénomène se produise et que les risques de santé et les statistiques criminelles augmentent de manière exponentielle.
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