Yennayer

Vendredi 12 janvier 2018 était pour la première fois de l’histoire algérienne un jour férié. Le 12 janvier est en effet reconnu par les Berbères comme le premier jour de l’année selon leur calendrier, jour qu’ils appellent Yennayer.

Les Berbères sont une minorité présente dans le Nord de l’Afrique, particulièrement au Maroc et en Algérie. Il s’agit d’une ethnie caractérisée par une langue commune : le Tamazghit (ou Amazigue). Cependant, elle est parlée par des peuples assez différents, vivants dans des régions relativement éloignées les unes des autres. Installés en Afrique depuis l’Antiquité, les Berbères ont d’abord connu l’arrivée des Romains au Ier siècle av J.C. puis celle des Arabes au VIIème siècle ap J.C. Les Berbères sont alors influencés par la culture arabe et sont notamment nombreux à se convertir à l’Islam même si certains gardent leurs croyances catholiques ou juives. Ils entretiennent néanmoins une histoire et des traditions qui leur sont propres.

Seulement, les Etats marocains et algériens ont longtemps refusé de reconnaître les Berbères. Cela a donné lieu à plusieurs conflits surtout dans les années 1980 au Maroc avec un « printemps kabyle » pendant lequel les Kabyles (un peuple berbère) ont revendiqué leurs droits, notamment celui de parler leur langue. Ce soulèvement prend une grande importance au Maroc même s’il n’est suivi d’aucune réforme avant 1994. Le roi Hassan II reconnaît alors le Tamazghit comme une des principales langues parlées au Maroc et elle est ainsi enseignée à l’école primaire. En ce qui concerne l’Algérie, les premières réformes et l’inscription dans la constitution du Tamazghit comme langue officielle arrivent seulement en 2002, suite à des manifestations kabyles qui avaient causées 126 morts l’année précédente.

Ainsi, le 27 décembre 2017, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika a annoncé que dès le 12 janvier 2018, Yennayer serait un jour férié. Suite à cette déclaration, les Berbères d’Algérie, en particulier les Kabyles, ont commencé à préparer la fête. Les femmes ont cuisiné le plat traditionnel : de la volaille et du couscous. Les enfants se sont préparés à défiler dans les rues des villages. Le premier jour de cette année 2968 du calendrier berbère est un jour de fête placé sous le signe de l’espérance d’une nouvelle année d’abondance. Le calendrier berbère est un calendrier agraire qui annonce tout d’abord le passage à une nouvelle saison donc l’occasion de se souhaiter la prospérité économique mais également d’annoncer les évènements importants comme les mariages. Par conséquent, cette année, Yennayer a une saveur toute particulière pour ceux qui voient ce jour férié une ouverture progressive du gouvernement algérien aux minorités berbères.

Suite à la décision prise par le président algérien, le gouvernement marocain a annoncé que Yennayer serait également officiellement reconnu au Maroc sous peu. En Algérie, le décret faisant du jour de l’an berbère un jour férié a précédé d’autres mesures concernant les Kabyles, comme par exemple la création d’une académie amazigue. Ces réformes ont en parti été précipitées par des manifestations étudiantes en faveur du Tamazghit début décembre.

Les relations entre les Kabyles et l’Etat algérien s’améliorent progressivement. L’officialisation de Yennayer est reconnue comme un important pas en avant qui pourrait en annoncer d’autres. Cependant, beaucoup de Kabyles estiment ces réformes insuffisantes et critiquent l’attitude d’Abdelaziz Bouteflika envers les Berbères. En effet, certains progrès ont été faits mais il en faudra encore beaucoup plus pour que la culture berbère soit vue comme partie intégrante de la culture algérienne.

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