Les premiers "Hommes augmentés"
- Thaïs Furon
- Mar 11, 2018
- 2 min read
En juillet 2015, lors du festival Futur en Seine à Paris, un évènement original s’est déroulé pour la première fois en France : une implant party. Après une conférence de présentation, des volontaires se sont ainsi fait implanter une puce électronique NFC (Near field communication), de la taille d’un grain de riz, sous la peau entre le pouce et l’index.
Pour la modique somme d’environ 150€, vous pouvez dès à présent vous équiper d’un implant NFC connecté permettant une interaction sans contact avec vos équipements. Ouverture de porte, paiement direct, lien vers un site internet, billet de train… la puce implantée peut stocker un certain nombre d’informations choisies par l’utilisateur.
Si chez nous cette technologie peut paraître sortie tout droit d’un futur distopique où le contrôle des masses est de mise, la pratique est relativement courante dans certains pays. En Suède par exemple, les « cyborgs » deviennent de plus en plus nombreux. C’est également en Suède que l’entreprise phare de l’implant, Bionyfiken, est située.
Malgré la beauté du progrès scientifique transhumaniste, le projet soulève énormément de questions sécuritaires et éthiques. Ainsi, dans l’enceinte de l’école française d’ingénieur Télécom, se sont déroulés des tests de sécurité sur les puces. En quelques dix minutes, à l’aide d’un téléphone, d’un ordinateur et d’un badge vierge, un chercheur récupère les données liées à la serrure d’appartement qui sert de test et l’ouvre.
On imagine déjà les dérives de la pratique, concurrence à l’emploi, collecte de données biologiques, traçage GPS, piratages en tout genre… Et face à de telles contraintes et à l’utilité plus que restreinte de l’implant qui peine à faire ses preuves, on peut s’interroger sur la légitimité du projet.
En 2014, le CNIL (Commission internationale informatique et libertés) demande une étude internationale sur le sujet, qui démontre un flou juridique important et un retard politique inquiétant à propos des nouvelles technologies.
Alors est-ce vraiment intéressant et utile de se faire implanter une puce électronique aujourd’hui ? A titre personnel, il me semble que l’utilité est pour l’instant très limitée et la sécurité absolument nulle. Des vidéos complotistes du groupe Anonymous ont d’ailleurs émergé sur la toile, parlant du contrôle du « bétail humain » installé par ces implants.
Je finis sur une phrase du fondateur de Bionyfiken, Hannes Sjobad, plutôt représentative de l’idéologie décalée et légèrement obsessive du groupe : «Sérieusement, les badges sont des bouts de plastique qu’on trimballe au fond de notre poche. Ici, tout le monde a une puce […] évidemment, on se moque de ceux qui utilisent encore des badges ».
L’implant NFC ne sera peut être qu’une banalité dans le futur, mais reste encore un sujet de controverse de nos jours.
コメント