"Le Meilleur des Mondes" - A.Huxley

Le Meilleur des Mondes (Brave New World en version originale) est un roman d’anticipation dystopique de Aldous Huxley, publié pour la première fois en 1932.

L’auteur, né en 1894 au Royaume-Uni et mort en 1963 aux Etats-Unis, se préoccupait particulièrement du progrès scientifique, qu’il considérait comme potentiellement nocif pour l’humanité. Il connaissait également l’effet des différentes drogues en tant que consommateur assidu de substances illicites. Il a vécu pendant les deux Guerres Mondiales sans y participer pour autant : quasiment aveugle, il n’a pas eu à combattre lors de la première et a refusé de prendre les armes pour la seconde.

L'histoire de son oeuvre débute à Londres, en « l'an 632 de Notre Ford », si l’on fait le lien avec Henry Ford, l’histoire se situerait donc dans les années 2050. Dans le monde décrit par l'auteur, les humains vivent tous dans l’État Mondial à l’exception de quelques « Sauvages » qui vivent dans des réserves à l’extérieur. Les citoyens sont séparés en castes (Alpha, Bêta, Delta, Gama, Epsilon) dans lesquels ils sont répartis dès leur état embryonnaire. Les castes dites «inférieures» reçoivent des tares (=défauts physiques ou psychiques ) lors de leur conception et sont conditionnées à l’idée qu’elles sont insignifiantes par rapport aux classes «supérieures». Un jour, Lénina Crowne, jeune fille de caste Bêta intriguée par les Sauvages, part les rencontrer dans les réserves avec Bernard Marx, homme alpha, exclu de la société.

Ce livre s’intègre parfaitement au contexte historique dans lequel il a été rédigé. En effet, lorsque Huxley écrit cet ouvrage, la crise socio- économique liée au krach boursier de 1929 bat son plein. Au Royaume-Uni comme aux Etats-Unis, des personnes dénoncent le modèle capitaliste en place et les «malheurs contemporains».

Cette période voit la naissance de régimes totalitaires, notamment le fascisme de Mussolini, ou encore l’idéologie marxiste-léniniste, codifiée par Staline. Le fordisme est un modèle de travail qui plaît durant l’entre-deux guerres. Il est initié par Henry Ford, pionnier de l’industrie qui prône le «capitalisme du bien-être», et promeut le travail à la chaîne, la productivité et la restriction des préoccupations extérieures afin d’optimiser le temps de travail.

L’Histoire a un rôle important dans Le Meilleur des Mondes.

Pour commencer, les personnages principaux ont des noms qui font référence à des personnalités historiques :

De plus, de nombreux éléments du roman sont liés à des événements historiques :

• L’uniformisation des bébés et l’obligation de porter un uniforme en fonction de sa caste, nous rappellent les vêtements imposés dans l’Italie fasciste.

• Le contrôle des populations par le contrôle des naissances, des pensées et des instructions, est semblable à celui exercé en URSS et en Italie dans les Komsomols et les Balillas.

• Il n’y a qu’un parti autorisé dans "le Meilleur des mondes"(le fordisme), tout comme le communisme en URSS.

• Dans le roman, les personnages vouent un culte de la personnalité à Ford («Sa Forderie», «oh Ford!», «le jour de Ford») ce qui ressemble fortement au «Petit Père des Peuples» comme se faisait appeler Staline.

• En URSS les Koulaks (riches paysans propriétaires) étaient déportés dans des Goulags (camps de travaux forcés). Dans le livre, ce sont les «Sauvages» qui sont mis à l’écart. Ils sont enfermés dans des réserves et rabaissés auprès des habitants.

• Tout comme en URSS l’économie est gérée par un Etat mondial.

• Enfin, la propagande et le bourrage de crâne font partie intégrante de l’oeuvre, les idéologies sont répétées dans les casques audios des enfants durant leur sommeil. Les sentiments sont aussi contrôlés, il y a un hymne dédié à Ford («Orginet- Porginet») et une devise : «Communauté, Identité, Stabilité». Nous pouvons retrouver ce système de contrôle de la pensée en URSS par exemple, où des affiches, des films ou encore des publicités mettaient en avant les idéologies soviétiques.