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Cultiver le « je », la face cachée du « moi »

  • Ayah Choukri
  • Nov 4, 2018
  • 4 min read

Photo Couverture Partie 1 - Ayah Choukri

PARTIE I – Définir le « moi », à notre échelle

Que sais-je de toi ? Que sais-tu de moi ? Qu’ignorent-ils d’eux-mêmes ?


Loin de moi l’envie de te remémorer les grandes joies de ces cours de français où, enfants, l’on récitait en chœur les conjugaisons du présent de l’indicatif ; ces cours que l’on s’est empressés de terrer dans les méandres de notre mémoire aussitôt que l’occasion s’en est présentée. Loin de moi l’idée non plus de prétendre à une certaine sagesse qui, dans le cas où j’en jouirais, bifurquerait vers de la folie aussitôt que j’aurais mis la main dessus – et il n’est pas dans mes projets à venir de prendre ce risque.


Les précédentes questions, c’est le plus modestement du monde que je te les pose, sans autre but que celui de stimuler quelque peu ta réflexion, de te filer une petite piste de recherche à creuser en cours de mathématiques ou d’histoire, au lieu de toiser niaisement les nuages par la fenêtre. Peut-être y répondras-tu au fur et à mesure, avec moi, ou peut-être te désintéresseras-tu complètement du sujet, car trop abscons, mal traité, maladroit.


Tu en as le droit ; après tout, il n’y a rien que je puisse faire contre ta volonté et contre ton jugement. C’est dommage, parce qu’on allait parler de toi, justement – enfin, de toi, de moi, de nous, d’eux. Mais pour qu’il y ait un nous, un vous, il faut d’abord un toi ; et pour qu’il y ait un toi, des moi. Oui, tu as bien lu, j’emploie la marque du pluriel pour désigner qui nous sommes ; parce qu’il est certain que tu ne te limites pas à une seule personne ; parce que je suis fermement convaincue qu’il est nécessaire d’aller quérir sa vérité, contradiction déconcertante qui se dote d’un caractère à la fois personnel et universel, c’est-à-dire qu’elle est t’est à la fois propre à toi, et vrai pour tous les autres. Ainsi, tu serais une constitution de plusieurs moi, de deux très exactement, qui tentent désespérément de se partager un espace réduit en y préservant le règne de la paix, autrement dit, de coexister.


Trop abscons pour toi ? Pardon. Tu ne m’y reprendras pas. Vois-tu, c’est un lourd sujet que je tiens là, aussi me sera-t-il difficile de ne pas m’égarer. Mais quelque chose me dit que, quoiqu’il arrive, tu me comprendras ; après tout, comme Victor Hugo dira, « Insensé qui croit que je ne suis pas toi ! »


Sache tout du moins qu’il ne s’agit là ni d’une étude philosophique, ni d’une vérité générale, ni même d’une piste de recherche en bonne et due forme. Il serait cohérent de parler d’essai, mais je n’oserai pas non plus doter cet article d’un caractère aussi solennel que celui suggéré par le terme en question, mon but étant uniquement de partager avec toi un constat qu’en mon humble statut de lycéenne, je fais.


Et sache aussi que, si je te tutoie, je ne me permets pas pour autant de te juger, de prétendre te connaître ou de t’associer à des comportements qui ne sont pas les tiens. Je m’adresse à une globalité de personnes, hissant chacune des couleurs différentes, entonnant chacune un chant de valeurs qui lui est propre, possédant chacune son bagage culturel et historique. Ainsi, j’ai fait en sorte que tu puisses te reconnaître par moment, mais sache que tu seras également amené à froncer les sourcils, l’air de dire « Qu’est-ce qu’elle raconte celle-là ? ». Le but même de cet article est de voyager de point de vue en point de vue, de corps en corps, d’en explorer autant de facettes que possible avant de retourner docilement à la place qui nous est à tous deux propre.

Alors, accroche ta ceinture, et gare aux turbulences.


La face cachée de l’iceberg.


Il y a tant de choses qu’ils ne savent pas sur toi et que réciproquement, tu ignores d’eux. Qui ça, « ils » ? « Ils » comme tous les autres, « ils » comme tes camarades de classe qui se permettent des jugements préconçus à ton égard, « ils » comme tes professeurs qui, par manque de temps certainement, se contentent de ce que tu veux bien leur montrer pendant tes heures de cours, ou des informations qu’ils attrapent au vol en salle des profs’, « ils » comme tes amis, parfois, auxquels tu omets de dévoiler certains aspects de ta vie –et il n’y a rien de plus légitime à cela-, certaines pensées et réflexions que tu décides pour x ou y raison de nourrir à l’abri de leurs regards certes bien-intentionnés, mais non moins indiscrets.


Je parie que tu te reconnais, au moins un peu. Non seulement faudrait-il une audace remarquable pour se dévoiler tout entier, sans filtre, « en un seul morceau », pour se libérer des chaînes de la peur du rejet, de l’obstination, de la réserve, de l’intimidation, du souci de se fondre dans la masse, de l’orgueil ou de la honte, mais n’est-il tout simplement pas dans notre intérêt de le faire de façon radicale ?


L’espace dans lequel nous interagissons m'apparaît comme un vaste océan polaire, où une multitude d’icebergs se dévisagent avec curiosité, avec intérêt, tantôt se rapprochant, tantôt s’éloignant les uns des autres, entrant parfois en collision, pour le meilleur ou pour le pire. Des colosses givrés en qui subsistent des traits communs soulevant d’incontestables vérités comme la rosée du matin soulève les parfums, des colosses de même constitution qui pourtant et heureusement présentent des dissemblances, bien souvent terrées dans l’ombre de ces mêmes vérités. Tout cela t’a l’air bien compliqué, n’est-ce pas ? Il n’y a rien de plus simple : ces statues enneigées qui se partagent un même espace, c’est nous – toi, moi, « ils ». Maintenant que je t’ai ôté ce bandeau des yeux, je t’invite à relire le passage dernier.


Métaphoriquement, donc, tu es cet iceberg. Et tout comme cet iceberg, tu ne vois les choses et les individus qu’en surface. Tout comme lui, une partie de toi est immergée dans les bas-fonds sombres et glacials de l’océan, propices à sa formation. Nous entrons enfin dans le vif du sujet, car vois-tu, c’est de ça dont je veux te parler : la face cachée du « moi », ou plutôt, de la distance qui existe entre elle et le « moi en surface ».


A suivre ...

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